Sylvain Pierre André joseph Marie Joubert né le 24 juillet 1944 à Saint Philbert-de-Grand-Lieu Loire Atlantique décédé le 7 février 2000 à Paris
Il est né dans une famille vouée à l'art : un grand-père, une mère professeur d'art à la Sorbonne; un père militaire mais qui à la retraite devient administrateur de théatre.Pour le petit Sylvain Joubert, faire du théâtre, devenir comédien cela paraissait naturel, trop naturel. Alors parce qu'il rêvait d'autre chose, à 18 ans et demi il s'engage dans la marine. Mais les temps poêtiques de la marine à voile et sa légende on disparu pour laisser la place à la technique: là où Sylvain Joubert cherchait le souffle épique, il ne trouve guère que le ronronnement des diesels et les propulsions atomiques. Il quitte les ponts des navires pour le plancher du conservatoire.-Et s'offre comme il dit "le luxe d'être comédien, c'est un métier où peut s'épanouir presque totalement la liberté humaine, où l'on peut dire<non< ce qui me semble le comble du luxe à l'heure actuelle." Mais il n'a pas dit non à la télévision pour les Pelouses de Bagatelle, Les Bas Fonds de Gorki, ou Le Voleur d'enfants. Il a dit oui à un héros qui de Waterloo jusqu'en Amérique connaitra les déboires des aventures sans fin, L'Ardéchois au coeur fidèle. Et comme un bon compagnon artisan, il fait, dans ce rôle, de la belle et bonne ouvrage.
Sylvain joubert sait que, dans le métier, son attitude étonne. Y compris ses amis. Jean- Pierre Trabaud en autre. Quand on a choisi d'être acteur,disait-il il faut se donner à fond. Celui qui ne répond pas au téléphone est considéré comme mort :on l'oublie.. Ce à quoi Sylvain Joubet répond : je n'ai pas décidé d'être comédien toute ma vie. Ce que je fais en ce moment passe avant ma carrière, ma réussite sociale. Il y a une déontologie du métier d'acteur. Elle implique l'obligation d'assumer l'effrayante liberté qu'il donne, et partant , celle de savoir dire non. Il ne faut pas chercher à tout prix à devenir un produit de consommation. Je ne veux pas être traité à la manière d'une lessive. Comment, alors que je suis reçu à la table de gens authentiques, qui gagnent durement leur vie, pourrais-je me prostituer, pour de l'argent, en acceptant de tourner des films pornos ? Je ne me sentirais plus le droit de m'asseoir en face d'eux ! Rentrer dans le système, ce serait me couper du monde vrai, de mon aliment. On ne peut recharger la batterie que dans un monde vrai. Un artiste est en position d'attente. Il ne donnera jamais que ce qu'il a et ce qu'il reçoit. Or, il est impossible de se maintenir en état de grace douze mois sur douze. Si la chaleur d'une source amicale pour" l'estranger" le " sans accent " que sera toujours Sylvain Joubert dans le respect total de sa différence, est pour lui aussi vitale que la nécéssité d'être libre, et l'aide à" recharger la batterie", la fréquentation des poêtes y contribue également. Rilke, Apollinaire, Saint Exupéry, Bernanos, dont il s'émerveille de l'actualité, sont des favoris. Il les cite sans obstention, avec la joie qu'apporte une compréhension profonde.
Je suis des trois côtés de la barrière ! je suis acteur, scénariste et metteur en scène. J'ai tourné beaucoup de films avec toutes sortes de gens différents et je peux dire que l'atmosphère d'un film et la façon dont sont traités les gens, dépend du metteur en scène. Si le metteur en scène fait passer en premier lieux ses états d'âme et son bon ou mauvais caractère, tout le reste suit. Le metteur en scène est le maitre d'oeuvre. Il est aussi au diapason d'une équipe et d'un film. Les gens sont souvent mal payés, mais pas mal traités C'est très différent. Le jour ou la télévision consacrera d'avantage d'argent à ses propres créateurs, elle pourra se permettre de faire du cinéma. Ce n'est pas le cas aujourdh'ui : on dispose d'un temps de travail très réduit, on subit un carcan qui impose un rythme terrible, qui laisse très peu de droit à l'erreur. Ce qui se voit toujours à l'arrivée, car il y a toujours un moment ou quelque chose manque : on a plus les moyens de se le payer. C'est la seule vraie différence qui existe avec le cinèma, car la technique est la même, tout comme l'investissement de l'acteur.
Jean-Paul Belmondo, je crois a dit que la télévision fabrique des fausses vedettes. D'une certaine façon, il a raison dans le sens où tout y est mélangé. C'est à dire que l'acteur de talent est mélangé avec les couches pour bébé, le présentateur avec la poudre à lessiver le chanteur de seconde zone avec l'homme politique qui vient interprèter son couplet. Tout est mélangé. Le vedettariat de télévision ne tient que par du vent, c'est terrible. Le talent des gens finit par s'y user. Pourquoi ce phènomène d'usure à la télévision ? Pourquoi des acteurs font de moins en moins de télévision, choisissant des chemins un petit peu parallèles C'est parce que la télévision les use. Elle n'use pas leur talent. Elle use leur personnalité et c'est très grave.
Sylvain Joubert
Il obtint à Paris un premier prix au conservatoire. Il fut aussi à l'occasion bûcheron dans le Languedoc, alpiniste et boxeur amateur, pompier volontaire dans l'Hérault. Autant d'expériences personnelles qui ont nourri la quarantaine de scénarios qu'il a signés pour la télévision. On pensait son imagination intarissable ( ses derniers projets sont encore à l'étude à France Télévision ) C'était sans compter sur la maladie qui a eu raison de lui et de sa soif d'aventures humaines. Il est décédé des suites d'un cancer.